The Belgians Remember Them ligne

Cénotaphe de Londres: L'Hommage de la Belgique

Mémorial national aux Partisans Armés soviétiques en Belgique - 1944-2019
Tombes des P.A. soviétiques en Belgique: Rebecq

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Nom, prénoms: TALDA Vladimir
Date lieu de naissance: 1919
Date de décès: 3/09/1944
Cause du décès:
Lieu de sépulture; Tombe: Cimetière communal de Rebecq, mur Nord

Date et lieu de capture: Front de l'Est
Date d'arrivée en Belgique:
Lieu de détention: La Louvière
Date d'évasion: Avirl-Mai 1944

Réseau de résistance: Partisans Armés, Corps 023

Histoire

C’est en 1944 que des sujets soviétiques sont vus à Rebecq. Ils sont arrivés par plusieurs groupes, pris en charge par des Résistants belges membres des Partisans Armés. En tout, il en en aura une bonne quinzaine qui sont placés dans des caches différentes, en général, des fermes, dont les propriétaires travaillent pour la Résistance et où il est plus aisé de se cacher en cas d’inspection des Allemands.

Si on ne sait rien de la plupart d’entre eux, nous avons des indications précises concernant au moins sept de ces hommes, grâce aux témoignages de Maryse Caliman, née Kestemont, fille d’André Kestemont, chef du groupe des P.A. pour la région de Rebecq, de Jeannette Nadle, née Bergman, qui avait été cachée chez Jeanne Rowart parce qu’elle était juive. Ces deux personnes, aujourd’hui octogénaires étaient adolescentes en 1944.

Une autre source d’information provient des registres des étrangers de la commune de Rebecq, où sont inscrits six individus d’origine « russe », au lendemain de la libération, en octobre 1944.

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A gauche, Maryse Kestemont et Jeannette Nadle, les deux témoins directs de l'histoire des Russes à Rebecq. Elles étaient adolescentes en 1944. A droite, une photo récente de Lyudmila Stepanovna, et à gauche, sa fille et son petit-fils, (Photo :Droztik Magazin)


Enfin, le rapport du Sous-lieutenant aviateur Alfred Sanders dont l’avion s’écrase à Henripont (commune de Braine-le-Comte) et qui fut récupéré par la résistance locale. Il fut amené vers une cache à Hoves (commune de Silly) pour être redirigé à la ferme Tondeur à Wisbecq, suite à une descente de la Gestapo. A Hoves, il rencontre 17 hommes, tous issus de l’armée soviétique qui avaient été capturés par les Allemands, sur le front de l’Est et avaient été emmenés en tant que prisonniers, en Belgique pour y travailler dans les mines de charbon.

Notre but n’est pas de refaire l’histoire des politiques menées tant à l’Est qu’à l’Ouest, en cette période de conflits, ou même par après, durant la « guerre froide ». Mais nous commençons, trois quarts de siècles plus tard, de comprendre ce que fut l’engagement de ces hommes venus de l’immense URSS, qui après avoir vécu la capture et la détention par les nazis, furent expédiés dans les mines de charbon de Belgique et du Nord de la France, pour enfin, s’en échapper et se mettre au service de la Résistance belge.

Stepan Afanasyevich Dorogov est né en 1913, à Seraphimovka, petite ville située au Kazakhstan, dans le district d’Akmola. La famille était aisée, car possédant un moulin à vent. Il avait un frère prénommé Sergey et une sœur, qui s’appelait Natalia. En 1941, les deux frères, ainsi que le mari de Natalia s’engagent dans l’armée soviétique et partent pour le front. Seul Stefan reviendra chez lui. A l’instar de la plupart des familles d’Union Soviétique, celle de Stefan ne verra pas revenir plusieurs de ses membres.

C’est lors des combats menés à Stalingrad que Stepan est sérieusement blessé. Inconscient, il est amené dans un camp de prisonniers, car il a été pris par les Allemands. De ce camp, quelque part en Ukraine, tous les prisonniers sont transférés en Allemagne, quelque part près des frontières Ouest du Reich.

D’après le témoignage de la fille de Stepan, Lyudmila Stepanovna, son père se serait échappé d’un camp d’internement en France et aurait parcouru des kilomètres accompagné d’une dizaine d’autres prisonniers pour arriver en Belgique. Il semble que le souvenir de Lyudmila, quant à ce que son père lui a raconté, voici au moins 40 ans se soit quelque peu mélangé. Par contre, elle cite deux documents essentiels qui permettent d’affirmer que la réalité se trouve dans le témoignage de Maryse Caliman, née Kestemont. Elle est la fille du responsable du groupe des Partisans Armés (P.A.), qui a pris en charge, début 1944, une quinzaine de fugitifs d’origine soviétiques qui étaient placés dans les mines de charbon de la région du Centre.

Lyudmila détient deux attestations relatives à l’engagement de Stepan Dorogov dans le groupe Partisans Amés. La première émane très probablement d’un responsable belge de la lutte armée ou d’une mine hennuyère qui dit en substance : « Le soussigné certifie que le prisonnier de guerre russe Stepan Dorogov a travaillé dans nos mines pendant l’occupation allemande du 20 mars 1943 au 10 janvier 1944. Il a ensuite disparu. Au cours de son travail, le nommé Stepan Dorogov a souvent été puni par les autorités allemandes (privation de rations, arrestation) pour ne pas s'être acquitté de ses tâches.». Nous n’avons pas d’information concernant l’auteur et signataire de l’attestation qui a été rédigée à l’attention des services de sécurité soviétiques appelés « SMERSH », après la guerre.

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L’autre attestation est plus précise et émane du corps des Partisans Armés : « Moi, le commandant du premier bataillon du 023e Corps de l'armée partisane de Belgique, témoigne que le partisan russe Dorogov Stefan était sous mon commandement du 25 avril au 20 octobre 1944. Celui-ci a servi courageusement et participé aux opérations suivantes. Signé : le Commandant du premier bataillon 023 du corps d'Ignash (Ignace). »

Ces deux documents sont signés, mais nous n’avons pas connaissance du nom des signataires.

Lyudmila Dorogova détient en outre plusieurs documents tels la carte d’identité que la commune de Rebecq avait délivrée à son père après la libération, en même temps qu’elle l’avait octroyée à 5 autres de ses compagnons de lutte. Le parcours de Stepan Dorogov et de ses compatriotes au sein de l’organisation des P.A. est décrit par les divers témoignages en notre possession. Il semble donc possible de décrire l’aventure extraordinaire des combattants soviétiques qui se mirent au service de la Résistance belge afin de combattre l’ennemi commun : les Nazis.

Pour la facilité du texte, nous utiliserons le terme de « Russes » pour nommer les soldats de l’Armée Rouge amenés en Belgique et ayant combattu aux côtés des mouvements locaux de la Résistance. Il y avait, au sein de ces groupes d’évadés, bien sûr des Russes, mais aussi des Biélorusses, des Kazakhs, des Ukrainiens, etc.

La plupart des hommes originaires d’Union Soviétique et ayant combattu avec la résistance belge dans la région de Rebecq proviennent des mines de charbon du Hainaut, où ils avaient été amenés par les Allemands après avoir été faits prisonniers sur le front de l’Est, et en particulier, lors de la bataille de Stalingrad. Leurs conditions de détention se révélèrent inhumaines, tant les Allemands étaient durs vis-à-vis de leurs prisonniers. Les pauvres étaient dépossédés de tout ce qu’ils avaient sur eux et placés dans des camps dans lesquels ils étaient entassés, sous alimentés, maltraités et souvent battus par leurs gardiens. Mais le besoin de main-d’œuvre dans les mines de charbon situées dans les pays occupés amena les Allemands à transférer leurs prisonniers vers les régions minières de la Belgique et du Nord de la France. Si on a dit que les Russes qui ont rejoint les Résistants belges étaient des soldats de la Wehrmacht, il est plus juste de dire que ceux que l’on a connus au sein des mouvements résistants à Rebecq étaient bien prisonniers de guerre des Allemands

Maryse Kestemont nous raconte ses souvenirs au sujet des Russes dont elle se souvient très bien, après les avoir formellement reconnus sur les photos que nous lui avons soumises.

« Stepan Dorogov et ses compagnons d’armes signalés à Rebecq ont été pris en charge par André Kestemont, le chef du réseau des P.A. pour la région de Rebecq-Braine-le-Comte-Tubize. Un soir d’avril 1944, Kestemont se rend vers La Louvière, prendre en charge de la dynamite. Il est accompagné d’Emile Boucher, alias « Commandant Claude », figure notoire de la Résistance, dans la région. Il faisait nuit, quand après avoir pris livraison de l’explosif, les deux hommes sont entourés d’une quinzaine d’hommes qui leur supplient de les prendre avec eux, ils viennent de s’échapper de leur lieu de travail et risquent d’être recherchés par les Allemands rapidement. Les deux Résistants les font monter à l’arrière de la camionnette et rejoignent Rebecq, où les fuyards sont placés dans différents lieux sûrs pour la nuit. Dès le lendemain, les Résistants rebecquois s’organisent en scindant les Russes par groupes d’environ quatre hommes répartis dans plusieurs fermes et maisons de Résistants. Ces groupes sont mobiles et rapidement transférables en cas de nécessité. Un autre groupe d’environ vingt Russes sont également signalés à Hoves, commune actuelle de Silly. Comme ceux de Rebecq, ils sont disséminés dans plusieurs lieux acquis à la Résistance. Lors d’une descente de la Gestapo à Hoves, les Russes rejoignent ceux de Rebecq et se cachent dans les différentes fermes-refuges. Pendant toute l’année 1944, ils seront régulièrement transférés d’un lieu à un autre, car les Allemands reçoivent régulièrement des indices concernant les combattants russes et ceux qui les hébergent. A la ferme Tondeur, lors d’une descente de la Gestapo, les combattants russes sont protégés dans une cache aménagée dans le plancher du grenier de la ferme. Les occupants ne les trouvent pas, mais arrêtent le fermier Tondeur pour l’interroger. Voilà comment ces hommes se retrouvent dans les fermes Tondeur et du château, à Wisbecq, chez Jeanne Rowart et à la ferme Ernault, en haut du Montgras, à la ferme Marsille en haut du Stoquois, à Hoves, et dans bien d’autres endroits. Il n’y eut pas de Russes hébergés chez André Kestemont car la situation dans le village se révélait trop dangereux et une descente dans sa maison de la rue de la Cure aurait pu entrainer des arrestations dans d’autres maisons de la rue. »

Ces hommes étaient des combattants ayant déjà fait la preuve de leur bravoure et beaucoup d’entre eux avaient déjà tenté de s’échapper du lieu de leur détention, en Allemagne. C’est ainsi qu’on vit dans plusieurs endroits en Belgique, des bande de ces hommes qui cherchaient, dès s’être enfuis des mines où ils exécutaient du travail forcé à entrer en contact avec des autochtones combattant l’occupant. A Hoves (commune de Silly), il y avait une vingtaine de combattants russes qui sévissait de manière permanente et nous en avons la preuve par le rapport que sous-lieutenant aviateur de l’USAAF Alfred Sanders rend auprès de son autorité, lors de son retour aux USA. Voici la copie du texte que nous avons déjà publié antérieurement et d’où les indications proviennent :

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Le témoignage de Maryse Kestemont, celui du Lieutenant-aviateur américain Alfred Sanders et celui de Jeannette Nadle qui était réfugiée chez la Résistante Jeanne Rowart corroborent les dires de la fille de Stefan Dorogov qui dit que son père et ses compagnons d’armes russes ont participé à des transports d’armes et d’explosifs destinés aux opérations de résistance dans la région, à des actions plus « corsées » vis-à-vis des occupants et des collaborateurs ainsi qu’à des sabotages. En 1944, la ligne de chemin de fer qui traverse les communes de Tubize, Quenast, Rebecq et Braine-le-Comte (ligne SNCB 115) s’avérait stratégique pour les Allemands qui l’utilisaient pour acheminer de l’armement et du matériel militaire vers le front de l’Ouest. La surveillance de la zone par des troupes aguerries de la Wehrmacht représentait un danger supplémentaire de se faire arrêter. C’est ainsi qu’il y eut plusieurs éliminations de militaires allemands dans le secteur, opérées en particuliers par les Partisans russes.

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André Kestemont, son épouse fort impliquée des la Résistance et Emile Boucher, alias Commandant Claude, grand résistant de Tubize


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Un charbonnage de la région de la Louvière


Maryse Kestemont raconte également que certains groupes avaient la charge de « neutraliser » des dénonciateurs notoires. Ceux-ci étaient repérés par les agents de la poste qui captaient systématiquement les lettres adressées à la Kommandantur.

Lorsque celles-ci dénonçaient des citoyens, les Résistants, aidé par les facteurs de la poste, tentaient de retrouver leurs auteurs et une fois que l’auteur était connu, on envoyait les hommes régler le compte des traitres. Si la méthode était expéditive, elle s’avérait nécessaire, car l’arrestation de ceux qui étaient dénoncés pouvait entrainer celle de bien d’autres Résistants.

Il y eut aussi les actions menées sur la ligne de chemin de fer et le sabotage régulier de celle-ci énervait considérablement les occupants, surtout à partir de juin, et de l’annonce de l’avancée alliée.

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Photo montrant de gauche à droite Stepan Dorogov, La fille du fermier Tondeur, Vasil Denisevitch, l’épouse du fermier, née Horlait et Vladimiir Talda. L’arrière de la photo montre clairement que la photo a été prise dans la cour de la ferme; on aperçoit le porche caractéristique de la ferme qui se situe rue d’Overschies, à Wisbecq (Photo: Droztyk Magazin


Le 2 septembre, veille de la libération de Bruxelles par les Alliés et avant-veille de celle de Rebecq par des éléments des Irish Guards, nos Partisans russes ont participé activement aux combats qui ont eu lieu au Montgras, contre l’armée allemande qui tentait de fuir. Les « Boches » s’y sont retrouvés à environ 150 hommes et plusieurs chars blindés. Une bataille a eu lieu et il y eut des morts. Parmi les civils, on compte parmi eux Fernand Baguet, Hubert Quivit, René Quick et Marcel Vanherweghen. Les Résistants présents sur les lieux du combat n’étaient qu’une quinzaine et l’affrontement contre l’adversaire dix fois plus nombreux fut très rude. Lyudmila parle que son père Stepan et ses compagnons présents lors de la bataille du Montgras s’étaient réfugiés dans une grange à laquelle, les Allemand mirent le feu. Grâce à la présence d’esprit d’un des Partisans, ils purent se réfugier dans une fosse qui se trouvait là et purent ainsi échapper à une mort certaine, car l’incendie détruisit le bâtiment. Nous n’avons pas retrouvé d’éléments qui pourraient confirmer ou infirmer ces dires.

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Photos d’un sabotage de la voie ferrée SNCB 115, dû à l’action des Résistants du réseau des Partisans Armés, entre autres des russes de Rebecq (Archives: Rewisbique)


Quant à l’ennemi, dix soldats furent tués dans les combats. Leurs corps furent amenés à l’hospice, ainsi que les soldats de la Wehrmacht qui furent blessés dans les combats de ce jour. Les morts s’appelaient Karl Michel, Kartus Karl, Eckart F., Schafen F., Reteiner Hendrik, Ravell, 2 inconnus, Klinheid Hendrik et Müller. Nous possédons ces noms de la plupart de ces Allemands grâce au carnet que le fossoyeur communal de l’époque tenait à jour. Il y consignait le nom de toutes les personnes qu’il enterrait ; s’il manque des noms ou que ceux-ci sont mal orthographiés, c’est probablement parce que notre fossoyeur n’avait pas reçu les indications précises de sa hiérarchie, la situation du moment étant plus que chaotique.

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Photos prises après la bataille du Montgras, sur lesquelles on voit des villageois et un Allié britannique sur des chars allemands détruits par les Résistants, le 3 septembre 1944 (Archives Rewisbique)


C’est donc le 4 septembre que tous les hommes tués dans les combats pour la libération de Rebecq furent enterrés. Les Résistants, dont faisait partie Vladimir Talda, eurent des funérailles en présence d’une foule nombreuse. Toutes les personnes qui avaient résisté et qui se trouvaient à Rebecq ce jour-là participèrent à l’hommage.

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Photo montrant les funérailles des résistants tués lors des combats du 3 septembre 1944 à Rebecq. Vladimir Talde faisait partie des victimes que l’on enterrait ce jour-là (Archives Rewisbique)


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Page 45 du carnet du fossoyeur de Rebecq, où sont notés tous les morts enterrés le 4 septembre 1944 dans le cimetière communal de Rebecq


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Ci-dessus, l’enterrement de Vladimir Talda et les honneurs rendus par les autorités de Rebecq (Archives Rewisbique)


Plusieurs Russes se firent inscrire dans le registre de la population de Rebecq. Parmi eux, on trouve Stepan Dorogov. Ils furent domiciliés rue de la Cure, chez André Kestemont, leur chef. D’après la fille d’André Kestemont, ils avaient souhaité visiter la ville de Paris avant de retourner en Union Soviétique. Ils restèrent quelques mois avant leur retour.

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La page d’inscription de Stefan Dorogov à la commune de Rebecq,, en septembre 1944.. Le préposé à l’inscription des Etrangers n’a pas précisé la date d’entrée dans la commune en tant qu’inscrit, mais note que les Russes sont arrivés à Rebecq le 20 mai 1944, ce qui semble erroné, car les témoignages recueilis prouvent que les Résistants russes devaient être dans la région bien avant le mois de mai. Lyudmila Dorogovna cite la date du 25 avril 1944, ce qui semble plus plausible. (Archives Rewisbique)


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A gauche, in y a Vasil Denisevoch, médecin biélorusse, Stepan Dorogov et Valdimir Talda, le seul du groupe de Rebecq qui sera tué. A droite, photo prise à Bruxelles, quelques jours après la Libération. On y vois, de droite à gauche, Jeannette Bergman qui était cachée chez Jeanne Rowart parce que juive, Piotr Jeffemov, Partisan russe de Rebecq, les parents de Jeannette. (Arch. Rewisbique)


On ne sait pas ce que sont devenus tous ces hommes, sauf Stefan. Dès son arrivée en URSS, il est envoyé dans un camp de concentration, à Solovki. Suite aux nombreuses démarches entreprises par les chefs de Partisans Armés et des autorités belges auprès des autorités soviétiques,

Stefan Dorogov est extrait du camp de Solovki, dans le Nord de l’URSS et est envoyé se battre en Extrême Orient pour se battre contre les Japonais.

Ce n’est qu’en 1947 qu’il revient chez lui, à Seraphimovka, au Kazakhstan. Il apprend que son épouse est partie avec un autre homme, en abandonnant ses deux enfants. Quelques temps après, il rencontre Lydia Fedorovna Schulz, dont les ancêtres étaient arrivés en Russie, du temps de la Tsarine Catherine II. Ils se marient et ensemble, essayeront de construire leur vie et celle de leurs enfants le mieux possible. Il vivra jusqu’en 1971 année de son décès à l’âge de 54 ans.

Lorsque Stefan Afanasyevich Dorogov racontait à ses enfants son périple en Belgique, il parlait avec enthousiasme de l’éclairage des rues, des réchauds à gaz, des véhicules servant à nettoyer les rues, bref, de choses qui n’avaient jamais été vues dans sa région natale. Il aurait bien voulu avoir un visa belge et retourner revoir ses amis belges avec lesquels, il avait combattu pour la Liberté !

Pendant des années, André Kestemont a multiplié les démarches auprès de l’ambassade soviétique et de l’association « Les Amitiés Belgo-Soviétiques. On était en pleine guerre froide et tous ceux qui fréquentaient les milieux en relation avec l’URSS étaient surveillés par la Sureté de l’Etat. Ce fut le cas d’André Kestemont qui, malgré cela, essaya, sans y parvenir, de renouer le contact avec ses amis russes.

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Sur la photo prises en mai 1944 et publiée dans le journal « Le Patriote Illustré », après la guerre, on reconnait aisément au premier plan à gauche Mikhaïl Chichkine et Jakov Nikiforov et à droite, Stepan Dorogov.


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En 1994, 50 ans après les faits, le Lieutenant Alfred Sanders est de retour à Rebecq. Depuis son retour au USA en 1944-1945, il est devenu colonel dans l’USAAF. Il est bien sûr retraité lorsqu’il arrive fêter les 50 ans d’anniversaire de son épopée et au travers elle, celle de tous les Combattants de l’ombre qu’il a rencontré, lors de son évasion, après que son avion se soit crashé à Henripont. On le voit lors de son séjour rebecquois avec son épouse. Il avait tenu à revoir les lieux par où il était passé, entre autres, la ferme Tondeur, où il a pu retrouver la cache dans laquelle, avec les Partisans russes dont on parle dans ce récit, il a pu se cacher lors d’une descente de la Gestapo, à la ferme.

Depuis, malgré le fait que les témoins de l’époque ont presque tous disparu, nous avons eu la chance de retrouver de nouveaux éléments qui nous ont permis d’écrite cette histoire extraordinaire, entre autres, celle de ces hommes venus malgré eux de la lointaine Russie mais qui n’ont pas hésité de se mettre au service des défenseurs de la Liberté

C’est à leur mémoire que cet opus a été écrit, pour que l’on oublie pas!

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Chichkine Mikhaïl (Michel), Nikiforov Jakov (Jacques), Karalkine Youri (Georges)


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Jeffemov Piotr (Pierre), Dorogov Stefan(Stéphane), Denisevitch Vasil (Basile


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Talda Vladimir


Chichkine Mikhaïl, né le 25/05/1916 à Pitchura, marié le 15/10/1933 à Pitchura
Résidence à Rebecq: rue de la Cure, 42 - Arrivé en Belgique le 24/05/1944
Parents: père: Matwi (décédé) - mère: Fediwa Oustia, décédée.

Nikiforov Jakov, né le 21/09/1906 à Czremen, marié le 25/10/1934 à Czremen
Résidence à Rebecq: rue de la Cure, 42 - Arrivé en Belgique le 24/05/1944
Parents: père: Nikola (décédé) - mère: Aksonova Aksinia (Tafda, grand-rue, 70)

Karalkine Youri né le 3/04/1910 à Eltock, célibataire, domicilié à Vladivostok
Résidence à Rebecq: rue de la Cure, 42 - Arrivé en Belgique le 24/05/1944
Parents: père: Yvan (décédé) - mère: Natchinova Olga (décédée)

Jeffemov Piotr né le 2/12/1908 à Stalingrad, marié le 15/11/1934 à Stalingrad; conducteur de tracteurs
Résidence à Rebecq: chaussée de Saintes, 74 - Arrivé en Belgique en octobre 1942
Parents: père: Moïcejevitch (décédé) - mère: Keretchenkova

Dorogov Stefan né le 10/01/1913 à Akmoliurzksi, marié le 5/09/1935 à Akmoliurzksi
Résidence à Rebecq: rue de la Cure, 42 - Arrivé en Belgique le 24/05/1944
Parents: père: Afanasi - mère: Adaiwa (décédée)

Denisevitch Vasil né le ? à ?
Bielorusse, Médecin - Arrivé en Belgique le 24/05/1944

Talda Vladimir né en 1925
Tué au combat le 3/09/1944 - Arrivé en Belgique le 24/05/1944
Il repose au cimetière communal de Rebecq.

Sources:
Ambasssade de la Fédération de Russie - Tombes de guerre
Rewisbique (Cercle d'Histoire et de Généalogie de Rebecq